SEGPA : la dés-intégration programmée ?

 

La poursuite de la refonte des métiers voulue par V. Peillon passe aujourd’hui par celle des SEGPA. Une première rencontre multilatérale s’est tenue début février pour établir un bilan et discuter du projet de réforme proposé par le MEN.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il va y avoir du boulot de pédagogie avant d’avancer !!

En effet, au-delà des divergences de points de vue entre syndicats et certaines revendications réformistes reprises par le ministère, on note une très grande méconnaissance de la SEGPA par notre employeur. La principale méprise est la confusion entre intégration et inclusion et donc entre SEGPA et ULIS. Nous avions déjà noté cette confusion et elle nous semble dangereuse.

Cela veut dire que le MEN confond élèves en difficulté et élèves en situation de handicap… Fâcheux ! Ou volontaire ?

Cela pourrait avoir des conséquences directes en mutualisant les moyens et en faisant disparaître petit à petit des dispositifs et structures afin de faire des économies d’échelle. Le tout au détriment des élèves… Pour appuyer leurs propositions, le MEN parle du soi-disant désamour des SEGPA par les élèves et les parents (-10 % d’effectifs), de la stigmatisation des élèves en difficulté et de la nécessité de rapprocher leur fonctionnement à celui des ULIS, présentées comme la panacée de l’enseignement spécialisé.

Mais le ministère et nos chers collègues réformistes sont-ils déjà allés dans une cour de collège et ont-ils remarqué que les élèves d’ULIS ne sont pas plus intégrés au collège que ceux de SEGPA, bien au contraire ? En résumé, si tu veux abattre ton chien, dis qu’il a la rage…

Et pour aller avec tout ça, le document d’orientation insiste sur la nécessité d’intégrer la structure via la 6e au nouveau cycle CM2-6e et donc au socle commun, la nécessité de donner un nouveau statut aux directions de SEGPA (nouvelle division des personnels et introduction d’une hiérarchie), l’envie de transformer les enseignants spécialisés en expert capables d’intervenir dans les classes ordinaires du collège ou encore de transformer complètement les formations CAPA-SH jugées dépassées.

La CGT Éduc’Action s’est opposée à ce constat erroné et rempli de contre-vérités. Nous avons rappelé que l’inclusion systématique des élèves de SEGPA dans les classes ordinaires serait un facteur de fragilisation pour des élèves souvent marqués par l’échec scolaire. On les remettrait en situation de grande précarité et les renverrait à leurs propres limites. Tout le contraire de la démarche engagée en SEGPA par l’équipe éducative...

En effet, nous avons réaffirmé que cette structure a une forme rassurante permettant la remobilisation et le renforcement des savoirs sur un temps long (4 ans) avec des moyens et des personnels spécifiques, ayant des parcours et des compétences diversifiées ; d’où la nécessité d’avoir une équipe mixte PE-PLP…

Il est d’ailleurs très inquiétant que ces personnels PLP soient complètement absents de la proposition de réforme, mauvais signe donné aux enseignants en termes de reconnaissance de leur travail et de place dans la structure. Pour la CGT Éduc’Action, le soi-disant désamour de la SEGPA n’existe pas. Le reflux des effectifs est principalement dû à la politique de cylindrage des structures et à la pénurie de places institutionnalisées, mais aussi à la méconnaissance de la structure par beaucoup de collègues dans les écoles.

La CGT Éduc’Action participera activement aux prochaines réunions de concertation sur la question pour peser sur les négociations et avancera ses propres revendications afin de valoriser une filière qui en a besoin. Nous demandons que tous les enseignants soient à 18h avec les heures de synthèse et qu’ils bénéficient de l’ISOE, qu’il y ait un élargissement géographique et une augmentation des places en SEGPA, des dotations budgétaires conséquentes et la rénovation des plateaux techniques, un aménagement des cursus et une modulation du temps de formation pour permettre aux élèves de travailler à leur rythme et avec des effectifs réduits.

Jérôme SINOT