POUR LES STAGIAIRES : PEUT MIEUX FAIRE, POUR LE RESTE : CONTRESENS COMPLET !

 

POUR LES STAGIAIRES : PEUT MIEUX FAIRE,

POUR LE RESTE : CONTRESENS COMPLET !

Il y a une quinzaine de jours, avant qu’il nous annonce que la montagne des rythmes scolaires avait accouché d’une souris, le ministre Vincent Peillon a accordé une interview au journal patronal "Les Échos".

Il y a annoncé ses futures décisions. Pour le recrutement il a détaillé le partage entre le concours au niveau master 2, qui vient d’avoir lieu et celui au niveau master 1 qui aura lieu en juin. Pour les collègues du deuxième concours, Peillon déclare : « Dès la rentrée 2013, ces étudiants seront payés - c'est une nouveauté - à mi-temps pour entrer dans leur futur métier, et ils effectueront six heures de cours par semaine (un tiers temps) devant les élèves. »

Ensuite, sollicité sur la pérennisation d’une telle entrée dans le métier, il ne se prononce pas et, pourtant, arguera plus tard de la priorité à la formation pour expliquer que les enseignants comprennent bien qu’on ne les revalorisera pas.

Il évoque ensuite les problèmes d’orientation et vante sa nouvelle étape de décentralisation, le service public territorialisé d’orientation de l’orientation (les CIO donnés aux régions) en lien bien entendu avec les patrons ayant pour but avoué de mettre plus de passerelles entre eux et l’École, sous le vernis habituel : « Réhabiliter l’entreprise, mais aussi faire en sorte que les élèves la connaissent mieux et s'orientent mieux. »

Sur ces trois volets, "François" Peillon annonce sa philosophie générale, qu’il faut tout de même lire entre les lignes. Un an de formation payé pour les stagiaires, c’est formidable, mais nul ne sait s’il sera possible de mettre en place ce que demande la CGT Éduc’action avec d’autres : un recrutement à bac + 3 et deux ans de formation payée. Mais, à ce sujet, nous pouvons convenir qu’il y a un premier pas.

En revanche, le volet orientation des déclarations est plus qu’inquiétant, le pompon étant atteint à propos de l’entreprise. On y apprend que « Le groupe Accor, par exemple, utilise l'expertise de l'Éducation Nationale en hôtellerie ou en restauration en accueillant nos professeurs sur places afin de former les emplois dont ils ont besoin. » L’École au service du patronat, CQFD. 

Enfin, à propos de nos salaires, le comble du paradoxe et de la mauvaise foi est atteint. La phrase « La situation des finances publiques ne permet pas aujourd'hui d'améliorer de façon substantielle et indiciaire les carrières des professeurs, même si nous sommes tout à fait conscients qu'ils le méritent. » résume bien la règle d’or du ministre et de ses collègues d’ailleurs : dans ce pays où les profits des actionnaires explosent, il n’y a pas d’argent pour augmenter les enseignants, ni les fonctionnaires.

Pour la CGT Éduc’action, l’austérité n’est pas la solution. Et surtout, le problème est posé à l’envers ! Et si, au lieu de partir des desiderata des capitalistes, on se fondait sur les besoins des hommes en matière de niveau de vie et du pays en matière d’École ?

Mais ce serait la révolution, ma pauv’dame…

Jean GRIMAL