HOMMES, FEMMES : MÊME COMBAT !

 

HOMMES, FEMMES : MÊME COMBAT !

 

La question des inégalités hommes femmes est peu débattue au sein de l’Éducation Nationale. Nous en serions protégé-e-s par nos statuts et par la forte féminisation du métier (près de 65 % des  enseignants du secteur public sont des femmes et près de 85 % dans le premier degré). Le taux de féminisation croît en fonction inverse de l’âge des enfants : peu d’hommes en maternelle et la parité en CM2.  Cet état de fait serait lié à la possibilité de concilier plus facilement vie professionnelle et familiale, selon le rapport Pochard. Pour autant, comment croire qu’une inégalité traversant la société en son entier n’existe pas dans l’Éducation Nationale ?

Les écarts de salaires sont réels, quelle que soit la catégorie de personnels. L’indice moyen des hommes est toujours supérieur à celui des femmes : celui de l’ensemble des enseignantes n’atteint que 89 % de l’indice moyen masculin. La cause de ces inégalités ? Les retards de notations issues des congés maternité et congés parentaux intervenant entre deux inspections, par exemple…

Mais plus encore, les carrières hachées liées au temps partiel, aux congés parentaux introduisent mécaniquement des facteurs d’inégalités dans la rémunération. La réalité est pourtant têtue : le taux de féminisation des directeurs d’école n’est plus que de 73 %. Cette différence existe également pour les reçu-e-s aux concours de direction du secondaire. Cet état de fait est lié à deux phénomènes. Il existe des formes d’autocensure féminine vis-à-vis des possibilités de promotion. Cette auto limitation s’ancre dans des conditions matérielles et une disponibilité temporelle sexuellement différenciées. Et, l’autorité est majoritairement associée à des figures masculines, ce qui favorise d’autant les candidats masculins à ces postes de direction.  Ceci est donc lourd de conséquence au moment des départs en retraite … Les enseignantes sont plus nombreuses à subir la décote et moins nombreuses à connaître la surcote. L’allongement de la durée de cotisation, la suppression de la bonification pour enfants vont encore aggraver cette situation…. Le législateur a conçu un dispositif  pour compenser les dites inégalités, le temps partiel à 80 % payé à un peu plus de 85 %. Depuis la suppression de la classe le samedi matin, le ministère a refusé ce droit au corps le plus féminisé de notre ministère.

Plus généralement, et bien souvent la féminisation d’une profession est liée à un déclassement. Les analyses de Pierre Bourdieu induisent l’idée que la capacité d’une profession à résister au déclassement se mesure à son pouvoir d’endiguer le flot des candidatures féminines. Dans notre cas, il convient de noter que le corps le plus féminisé a le temps de présence élève le plus long, à niveau égal de recrutement. C’est bien le même corps qui a un taux d’accès à la hors classe de près de 2 % contre de 5 à 7 pour les autres. Pour la CGT Éduc’action, lutter contre les inégalités hommes/femmes, leur traduction en terme de carrière et leur incorporation, c’est un enjeu majeur. Nous revendiquons, pour tous les personnels enseignants, dans le cadre du corps unique, les mêmes obligations de service. De même,  nous exigeons que tous les salarié-e-s de l’éducation nationale, quel que soit leur lieu d’exercice aient les mêmes droits d’accès aux temps partiels, le même déroulement de carrière… Pour nous,  notre métier n’est ni « un salaire d’appoint », ni le fruit d’une division sexuée du travail.

Fabienne CHABERT