Une réforme ? Dans l’intérêt des enfants ?
Une
réforme ? Dans l'intérêt des
enfants ?
Après
de nombreuses années à déplorer et
à combattre les orientations
libérales des précédents ministres,
leurs objectifs de soumission de l'Ecole
aux seuls intérêts de ceux qui rêvent de
l'utiliser mais qui n'en ont pas
besoin, nous aurions pu être séduits par la
perspective. Mais voilà, à la CGT
Éduc’action nous sommes attentifs, voire exigeants.
Nous avions
exposé nos craintes dès les premiers
débats sur la
refondation. Sans véritable concertation, nous nous
attendions, si ce n'est au
pire, au moins à une grande déception. Et
ça n'a pas manqué. En plus d'une loi
d'orientation aux multiples défauts et carences, nous nous
retrouvons avec un
décret sur les rythmes scolaires bâclé,
carrément repoussoir.
Le véritable
enjeu de l'école que nous voulons, c'est la
réussite de nos
élèves. Et ici il n'en est pas question. Non
seulement l'horaire hebdomadaire
de cours est, sur le sujet, très accessoire, mais rien, de
surcroit, ne nous
incite à penser que cette nouvelle réforme en
caresse le moins du monde
l'objectif. Nous ne pouvons croire qu'une retouche
cosmétique du volume horaire
de la semaine puisse avoir le moindre effet sur la réussite
de nos
élèves : ce qui fatigue, c'est le temps
de collectivité, et rien ne pourra
le réduire tant que le temps des enfants sera soumis au
temps de travail de
leurs parents ; ce qui fatigue encore, c'est l'ennui, les
apprentissages vides
de sens, et tant que les programmes de 2008 seront en vigueur difficile
de
changer les choses !
Sans compter que
l'obstination ministérielle a un prix. Si c'est aux
enseignant-e-s d'en assumer les premières traites, c'est
bien l'école dans son
ensemble qui doit régler la note. Une fois de plus.
L'amplitude horaire des
enseignant-es va s'allonger avec l'ajout d'une demi-journée
avec les
élèves ; les conditions d'exercice vont
se dégrader avec une augmentation
du temps contraint, hors de la présence de tous
élèves. Sans pour autant
récupérer les heures d'enseignement
supprimées par le passage à 4 jours. Sans
pour autant revenir sur le dispositif d' « aide
personnalisée », jugé
unanimement inefficace.
La communauté
éducative, dans son ensemble, était en droit
d'attendre
mieux à la lecture des ambitions affichées.
D'autant que les idées – même
à
moyens constants ! – ne manquent pas : la
réécriture des programmes,
l'abandon de la logique d'école du socle, de l'AP et des
SRAN, la fin du SMA et
du fichage des élèves...
Ces
mesures, si elles avaient été prises, auraient pu
être un réel gage
de refondation, bien plus rassurant que les quelques
améliorations qu'on peut
trouver dans la loi d'orientation. Une sorte de preuve de bonne foi.
Mais dans
l'état actuel des choses, nous ne pouvons que nous alarmer
d'un parallèle dont
la faiblesse idéologique de cette réforme
accentue l'évidence : la place
centrale du Projet Éducatif Territorial (PEDT) dans le
décret est un premier
pas vers la décentralisation. Une école plus
dépendante des moyens locaux, donc
plus inégalitaire encore. Une école soumise aux
directives politiques comme aux
« impératifs
économiques ».
- Ce
que nous portons, c'est un projet
émancipateur.
- Ce
que voulons promouvoir, c'est une culture
commune
ambitieuse.
- Ce
que nous défendons, ce
sont nos conditions de
travail.
- Et cette
réforme, nous la combattons.
Antoine
DIERSTEIN