Stage de formation syndicale Déconstruire l’idéologie des Compétences Paroles de stagiaires...

 

Le patronat a maintenant besoin d’une masse d’emplois partiellement qualifiés. Ce sont donc les systèmes éducatifs qui sont chargés de répondre à cette demande .

Nous avons été sensibles à cette problématique qui est un point fondamental de l’évolution du système éducatif, promu par le patronat et les grands organismes internationaux et mis en place dès la loi Fillon de 2005 avec l’introduction du concept de Socle. Nous avons été les premier·ères stagiaires au mois de janvier dernier.
Le stage a débuté par une présentation et un historique de la mise en place de l’approche par compétences permettant de créer des travailleur·euses plus adaptables et de rapprocher l’enseignement de la vie des entreprises. Depuis Jules Ferry, l’École est assignée à un rôle exclusif : faire acquérir aux individus les compétences qui les rendent employables sur un marché en évolution permanente, loin de l’idée de former des citoyen·nes émancipé·es.
On assiste ces dernières décennies à une polarisation du marché de l’emploi (augmentation des emplois hautement qualifiés et des emplois de service nécessitant peu ou pas de qualification formelle). Le patronat a maintenant besoin d’une masse d’emplois partiellement qualifiés. Ce sont donc les systèmes éducatifs qui sont chargés de répondre à cette demande patronale en adaptant leurs enseignements, ce qui en France s’inscrit dans la logique du « Bac – 3 / Bac + 3 ».
L’enseignement par compétences se prétend héritier des pédagogies constructivistes en plaçant l’élève au centre de ses apprentissages. C’est faux. En fait, il marginalise les savoirs et individualise les parcours. Chacun·e devient ainsi responsable de ses choix, de son orientation, de ses progrès et de ses échecs ce qui permet à l’institution de dégager sa responsabilité face à l’échec scolaire la reportant sur les parents, les enseignant·es, l’élève, voire le handicap.
Les débats ont clairement montré que l’enseignement professionnel était lui aussi de plus en plus touché avec l’éclatement des diplômes en blocs de compétences et le glissement progressif des « savoir-faire » vers le morcèlement des activités en tâches.
Les échanges sur la nécessité de faire émerger une nouvelle forme de construction des savoirs qui permette un réel partage du pouvoir, ont été particulièrement fructueux car l’individualisation va à l’encontre de ce que l’on sait des mécanismes d’apprentissages : recherches en psychologie montrant qu’on apprend des autres, avec les autres et aux autres, mais aussi recherches en sciences sociales démontrant depuis Bourdieu que la volonté personnelle n’est pas le facteur principal de la « réussite scolaire » ou de « l’ascension sociale » et que celles-ci sont dépendantes de structures sociales qui dépassent largement les individus.