SRAN : TÉMOINS DE L’ABSENCE DE RUPTURE
SRAN
: TÉMOINS DE L’ABSENCE DE RUPTURE
On pouvait penser des
SRAN
(Stages de Remise À Niveau), si
décriés du temps de Luc Chatel, jugés
de tous
bords comme, au mieux, coûteux et inefficaces, au pire,
trompeurs et fossoyeurs
– avec l’aide personnalisée –
des RASED, qu’ils seraient jetés aux oubliettes
par Vincent Peillon. C’était sans compter sur
l’absence manifeste de rupture
sur le fond entre les deux politiques. Enlisée dans les
vases du socle commun,
la Refondation ne convainc pas les personnels et peine à
lever l’ancre ;
le cap fixé pour l’École reste celui
d’une vision à court terme, libérale.
Debout, droit dans ses bottes à la proue de son navire, le capitaine Peillon ne voit
pas, ou feint de ne
pas voir, les amarres tirés par le remorqueur du
MEDEF…
Ainsi donc, pour une
nouvelle année, est reconduit, à
l’intention des élèves en
difficulté, le dispositif
des stages de remise à niveau. La
seule nouveauté devrait être que ces stages seront
toujours payés en heures
supplémentaires, mais plus
défiscalisées. Des DASEN, pas à une
contradiction
près, les recommandent, comme à Paris,
dès le CE1 dans les écoles en ÉCLAIR,
car « la fin du CE1
constitue le
premier palier de validation du socle commun, et les stages de remise
à niveau
peuvent contribuer à favoriser l’acquisition des
compétences et connaissances
nécessaires ».
Ces stages de
remise à niveau vont à l’encontre de
l’intérêt des
élèves. Plutôt que
d’accepter l’échec et faire mine de le
minimiser, il faut
lutter contre ses causes. Cela nécessite des enseignants
bien formés,
l’augmentation et la pérennité des
réseaux d’aide (RASED) et des
établissements
spécialisés, un nombre
d’élèves par classe et des moyens
adaptés aux besoins
des enfants de l’école. Ces stages stigmatisent
les enfants en les renvoyant
face à l’échec. Ils leurrent les
parents d’élèves qui pensent que
quelques
heures suffiront à résoudre les
difficultés de leur enfant. Ils trompent les
enseignants qui inscrivent leurs élèves, et ceux
qui se portent volontaires
pour les encadrer, les détournant de nos
légitimes revendications salariales,
admettant de fait qu’ils ont trop de vacances (pourquoi ne
nous imposerait-on
pas ensuite, par exemple, les formations pendant les congés
scolaires ou la
réduction des vacances ?) et justifiant les
suppressions massives de
postes (combien d’heures de remplacement n’ont pas
été effectuées cette année
dans nos écoles, faute de personnels de remplacement
titulaires en nombre suffisant ?
combien de temps le RASED a-t-il pu consacrer aux
élèves de CM1 et CM2 qui en
avaient besoin ? combien de stages
annulés ?)...
Pour la CGT
Éduc’action, ces
SRAN et l’aide personnalisée qui va avec,
constituaient sous Chatel une
mauvaise réponse aux besoins des
élèves. Or le
nouveau gouvernement utilise les mêmes ficelles, dont ces
stages de
remise à niveau, pour tromper les enseignants, les
élèves et leurs parents sur
ce qu’est et devrait être le Service public
d’Éducation et porte une grave
atteinte à l’école publique et aux
possibilités d’ascension sociale que
celle-ci devrait offrir.
La CGT Éduc’action appelle enseignants et parents à ne pas participer à cette mascarade des stages de remise à niveau, mais au contraire, à se mobiliser pour promouvoir une école publique ambitieuse, progressiste, résolument tournée vers l’avenir, pour la réussite de tous les élèves !