Rythmes scolaires

 

Alerte sociale, pourquoi ?

Enjeux de société : l’objectif affiché de la réforme des rythmes scolaires a d’abord été de mettre en place des horaires qui respectent mieux les rythmes de l’enfant… Devant les contre-exemples flagrants mis en évidence par la mise en place de la réforme dans plusieurs communes en 2013/2014, cet objectif s’est progressivement transformé en « permettre aux enfants de mieux apprendre en répartissant le temps d’apprentissage scolaire sur 5 demi- journées au lieu de 4 »

En réalité il s’agit, dans la droite ligne de toutes les réformes qui se succèdent depuis 30 ans, de désorganiser encore davantage l’école publique et de transférer certaines compétences jusqu’alors assurée par l’État aux collectivités locales – aux communes en particulier.

Les enjeux de société impactés par cette réforme sont innombrables et parce que l’école est centrale dans la vie sociale, la réforme bouleverse des équilibres qui s’étaient mis en place tant bien que mal au fil des décennies : travail des femmes, gratuité de l’école publique, rôle de l’école, articulation entre pouvoir politique et pouvoir administratif, égalité sur le territoire…

Les conséquences sur la vie des parents, l’articulation temps de travail / horaires d’école, la vie associative locale, les finances des collectivités… sont énormes et vont certainement fonctionner selon l’effet domino avec des conséquences en cascade.

Les écoles privées n’ont pas obligation d’appliquer la réforme et le résultat s’est fait sentir dès cette rentrée scolaire. Dans certains départements, c’est un véritable exode qui s’est produit pendant vers ces établissements, été 2014.

Pour ne pas aggraver la situation de départ des élèves vers les écoles privées, les enseignants des écoles publiques sont tentés de minimiser ou même de taire les effets négatifs de la réforme.

Sécurité, conditions de vie et de travail des enfants

La réforme a été imposée contre l’avis de beaucoup de parents, d’élus et surtout de la quasi-totalité des professionnels qui connaissent pourtant mieux que personne le travail réel dans les écoles et ce que signifie avoir un groupe d’enfants à sa charge.

Or, toute l’histoire des catastrophes industrielles, des accidents du travail montre qu’il est extrêmement dangereux de se priver de la connaissance, de l’expérience des travailleurs.

Enseignants, Atsem, animatrices… Chacun d’entre eux, chacune d’entre elle faudrait-il plutôt dire car ce sont des métiers très féminisés, pourrait démontrer, si tant est qu’on se soit intéressé au travail réel dans les écoles, que les métiers de l’enfance sont d’une grande complexité, qu’ils font appel à des savoir-faire et à des qualifications très élaborés mêmes si ceux-ci sont invisibles socialement par manque de connaissance et de reconnaissance.

Les organisations du travail qui fonctionnent dans les écoles sont d’une extrême précision et sont le fruit d’une élaboration patiente, de générations en générations, par les professionnels eux-mêmes.
La réforme des rythmes scolaires vient brutaliser toutes ces constructions fragiles mais efficaces qui font que les écoles sont des lieux où les accidents sont relativement rares et où la sécurité des enfants est bien assurée.

Avec tous leurs savoir-faire de métier, les professionnels sentent intuitivement que la réforme des rythmes scolaires crée des situations d’atteintes à la santé voire de mise en danger des enfants. Tous savent également qu’elle risque d’aggraver encore des conditions de travail déjà bien peu confortables.
Ceci, en particulier, mais pas seulement, parce qu’elle multiplie les déplacements, les changements de personnels d’encadrement et que tous ces moments, qui donnent lieu à une intense agitation et des pertes de repères chez les enfants, sont potentiellement porteurs de risques pour eux.

Les conséquences sont incalculables en termes d’organisation du travail.

Sécurité, conditions de travail et de vie des personnels

En ce qui concerne les instits , le bon sens fait penser que la réforme va en aggraver la fatigue et notamment le phénomène de burn-out déjà particulièrement fort chez les enseignants du premier degré.

Il n’y a que les médias et les inspecteurs pour penser que le mercredi était un jour de repos pour eux.

C’est en effet le moment où on fait les courses pour sa classe, où on corrige, on prépare, on passe des coups de fil, on prépare des visites, etc .

Le travail en multi-niveaux impose cette journée pour « encaisser » le surcroît de travail. La frontière entre vie professionnelle et vie privée risque d’être encore plus difficile à poser pour les Professeurs des Écoles avec un déplacement des tâches du mercredi sur le week-end.

Les observations et les recueils de témoignages faits à certains endroits à la fin de la première semaine d’école, sont déjà très inquiétants sur le niveau d’épuisement professionnel.
Comme les obligations réglementaires en matière de suivi médical ne sont pas respectées, l’impact sur la santé des instits va, comme toujours, rester invisible.

Déjà, les personnels administratifs et d’encadrement sont depuis des mois confrontés à des situations inextricables comme celle de l’affectation des enseignants en postes fractionnés sur plusieurs écoles dont les horaires sont tous différents .

L’impact sur la santé dans ces conditions où la pression psychologique est forte et les marges de manœuvres très étroites, aurait mérité d’être anticipé, évalué et pris en compte dans le souci d’adapter le travail à l’humain et non l’inverse.