Louise Michel : « l’instit », anarchiste, féministe, communarde, anticolonialiste

 

Fille de servante, elle reçoit une instruction emprunte d’humanisme. Elle lit beaucoup et très tôt se passionne pour l’éducation et la vie sociale. En 1852, elle réussit le brevet de capacité d’institutrice. Installée à Paris à partir de 1856, elle enseigne pendant quinze années. Elle crée des écoles professionnelles et des orphelinats laïcs. Parallèlement, Louise Michel écrit et lit beaucoup, elle publie des poèmes sous le pseudonyme d’Enjolras, personnage des Misérables de Victor Hugo qu’elle admire et réciproquement.

En 1869, elle collabore à des journaux d’opposition et devient secrétaire de la Société démocratique de moralisation, ayant pour but d’aider les ouvrières. Louise adhère au mouvement révolutionnaire et socialiste fondé par Auguste Blanqui.
Après la chute de l’Empire, elle est élue présidente du Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement de Paris. La famine fait des ravages, elle crée une cantine pour ses élèves. La Commune est en gestation, Louise Michel fait alors partie de l’aile révolutionnaire la plus radicale et pense qu’il faut poursuivre l’offensive sur Versailles pour dissoudre le gouvernement qui n’a alors que peu de troupes. Elle se porte même volontaire pour aller seule à Versailles tuer Thiers. Quand la Commune éclate, Louise Michel a 40 ans. Elle est de tous les combats, elle est ambulancière, garde au 61e bataillon. Elle se rend pour faire libérer sa mère, arrêtée à sa place. Elle assiste alors aux exécutions et voit mourir ses amis et sera condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie. La presse bourgeoise s’en donne à cœur joie : elle est la Louve avide de sang ou la Bonne Louise. « Bonne », en raison de ses origines sociales... Avec d’autres Communard·es sur l’air du « Temps des cerises », elle arrive sur l’île après quatre mois de voyage au cours duquel elle rencontrera Nathalie Le Mel, elle aussi grande animatrice de la Commune. Elle reste sept années en Nouvelle-Calédonie, crée le journal Petites Affiches de la Nouvelle-Calédonie et édite Légendes et chansons de gestes canaques. Elle cherche à instruire les Kanaks contrairement à certain·es Communard·es qui s’installent dans le colonialisme. Elle prend la défense du peuple kanak et l’aide à organiser la révolte de 1878. Elle obtient l’année suivante l’autorisation de reprendre son métier d’enseignante, d’abord auprès des enfants de déporté·es, puis dans les écoles de filles. Elle donne un morceau de son écharpe au chef de la rébellion canaque. On dit que le bandeau central rouge du drapeau de Kanaky est un hommage rendu à Louise Michel.

Elle revient en France le 9 novembre 1880, reprend son activité militante et publie La Misère. Très vite elle se démarquera des socialistes parlementaires qu’elle qualifiera d’autoritaires et choisira le drapeau noir des anarchistes ou socialistes libertaires : « Plus de drapeau rouge mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions ».

Les dix dernières années de sa vie, elle fonde avec Sébastien Faure le journal Le Libertaire. Le 27 juillet 1896, elle assiste à Londres au Congrès international socialiste des travailleurs et des chambres syndicales ouvrières. Très surveillée par la police, elle est plusieurs fois arrêtée et emprisonnée. Elle meurt en janvier 1905 à Marseille d’une pneumonie lors d’une tournée de conférences.

Le 18 mars nous commémorerons la Commune de Paris. Cela fera 150 ans que soixante-douze jours de combat ont fait basculer l’Histoire dans un bain de sang. Les Communard·es ont aboli la peine de mort, interdit la prostitution, posé les bases de la séparation de l’Église et de l’État, de l’école laïque. « Peut-être la Commune de Paris tombera-t-elle, mais la révolution sociale qu’elle a entreprise triomphera. Son lieu de naissance est partout. » Karl Marx (La guerre civile en feu).

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Extrait de "Viro Major", poème de Victor Hugo (Toute la lyre) en hommage à Louise Michel (décembre 1871).

Et ceux qui, comme moi, te savent incapable
De tout ce qui n’est pas héroïsme et vertu,
Qui savent que si l’on te disait : "D’où viens tu ?"
Tu répondrais : "Je viens de la nuit où l’on souffre ;
Oui, je sors du devoir dont vous faites un gouffre !
(…)
Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain
Le lit de sangle avec la table de sapin
Ta bonté, ta fierté de femme populaire.
L’âpre attendrissement qui dort sous ta colère