La jeunesse et l’éducation,
priorités de François Hollande ?

 

Même avec la meilleure des calculettes, le compte n’y est pas ! Les 60 000 créations d’emplois promises ont plus relevé du tour d’illusionniste que de la réalité. Après les 80 000 emplois détruits et une formation en miette récoltés du précédent quinquennat, les emplois retrouvés ont tout juste permis de rétablir l’année de stage pour les futur-es professeur-es (26 000).

Mais la démographie scolaire, notamment autour des grandes agglomérations, a continué de croitre et les académies ont dû poursuivre les tours de passe-passe pour bricoler : suppression de postes de brigades et de ZIL, non remplacement des postes vacants dans les RASED (5000 suppressions), fusions d’écoles, conventions ruralités encourageant des RPI concentrés....

Avec la mise en place désastreuse de la réforme des rythmes scolaires (qui bizarrement ne fait l’objet d’aucune évaluation "officielle" publiée), les magicien-nes du ministère ont été très habiles. Sur le terrain, cette réforme fait la quasi unanimité contre elle que ce soit par rapport aux conditions de travail des enseignant-es ou du personnel en charge d’enfants, mais aussi aux conditions d’apprentissage pour les élèves ou de l’organisation des familles. Bizarrement, la réforme des rythmes scolaires n’a pas touché au pré-carré du zonage des vacances pour ne pas empêcher les 8% de privilégié-es qui partent au ski, ni les écoles privées qui ont prospéré sur la semaine de 4 jours.

Des décisions affichées dans la devanture du grand magasin Hollande, comme les dispositifs "plus de maitres que de classes" et la scolarisation des - de 2 ans, ne font pas davantage briller la vitrine : sur les 3000 postes prévus pour la scolarisation précoce seulement 1000 ont été créés. La ligne d’horizon est invisible concernant l’objectif de 30% d’enfants de 2 ans scolarisés dans les zones défavorisées, idem pour les enseignant-es surnuméraires : 2300 postes ont été créés au lieu des 7000 promis.

Le nombre de contractuel-les dans le 1er degré a également explosé et devient pratique courante dans bon nombre d’académies. C’est le début de la fin d’un statut et droits afférents qui garantissent en partie l’équité de traitement d’une École nationale.

Madame la ministre aime à rappeler qu’ils ont remis en place la formation. C’est une imposture. Comment appeler « formation » un exercice à mi-temps dans des ESPE où la pédagogie et son histoire sont absentes ? Comment appeler formation un dispositif qui place les stagiaires en exercice en classe à mi-temps ? Comment valider le fait que les ministres de gauche n’aient pas retrouvé le chemin d’une formation détachée de la conduite de classe de tous les jours ?

On pourrait ajouter à ce beau palmarès : le renforcement de l’École du Socle commun confirmé dans les nouveaux programmes et à travers le LSU, mais aussi dans les plans éducatifs territoriaux des rythmes scolaires. De même, le cadre et le contenu des nouveaux cycles a été mis en place sans moyens supplémentaires ni véritable concertation. L’intégration de la 6ème dans le cycle III est surtout dangereuse pour la survie de cette année.

Ce gouvernement a aggravé le statut des fonctionnaires et leur liberté d’expression. Il n’a pas supprimé le SMA ni les APC mis en place par Xavier DARCOS. Et ce n’est pas la décision récente d’augmenter la valeur du point de 1.2%, ni la mise en œuvre du PPCR (à marche forcée car rejeté majoritairement par les organisations syndicales) qui va contribuer à renouer la confiance. Ces mesures de dernière minute ne compensent même pas les pertes de pouvoir d’achat depuis 2000 et le PPCR développe une évaluation floue et un avancement de carrière qui tend vers le clientélisme.

La CGT Éduc’action portera les revendications des personnels pour qu’une vraie politique ambitieuse pour l’École soit enfin avec les moyens de fonctionner, avec des équipes qui permettent de porter tous les élèves vers l’émancipation et non réserver la statue à l’élite pour laisser le socle au petit peuple... Il faut en finir avec l’École de la reproduction sociale aux mains d’une bourgeoisie héritée de Jules Ferry qui n’agit que pour ses intérêts.

Alors.... soyons révolutionnaires et agissons ensemble pour :

  • des programmes ambitieux qui laissent de la place aux libertés pédagogiques ;
  • des écoles à taille humaine avec des effectifs adaptés à l’organisation de l’école et à sa situation sociale et géographique ;
  • des personnels spécialisés, formés en nombre suffisant qui puisse aider les élèves qui rencontrent des difficultés ;
  • un statut mais aussi une vraie formation pour tous les personnels, détachée de l’exercice concret du métier, en particulier pour celles et ceux qui ont en charge la grande difficulté scolaire et pour celles et ceux qui accompagnent les enfants en situation de handicap.

Une autre société est possible, d’autres choix politiques peuvent être faits, la CGT continuera de porter un projet pour école émancipatrice.

Elena BLOND & Jean GRIMAL