L’école de village bientôt au musée

Le DASEN et la Préfète du Lot ont fait face à des élu-es, enseignant-es, parents qui leur ont exprimé avec virulence leur attachement au service public d’Éducation et leur priorité d’en faire un acteur important de construction de la dynamique locale. Au cœur du débat, les fameuses "conventions ruralité".
Vingt-deux conventions ont été signées, plus d’une vingtaine sont encore en projet. Le ministère programme à grande échelle la disparition des petites écoles, départements après départements. Il lance ses soldats à l’assaut des campagnes et parfois avec la complicité d’élu-es locales-caux pour déménager les territoires ! Ce protocole présenté comme une "solution durable des territoires scolaires" veut persuader de son bien-fondé dans la réalité du remaillage du tissu scolaire et donc des dynamiques locales. Il s’agit en fait, sous couvert de regroupements, de supprimer à terme toutes les écoles de moins de trois classes.
Le 24 octobre 2014, Najat Vallaud-Belkacem disait à l’Assemblée Nationale : "… dans les trois ans, le nombre d’écoles à une ou deux classes est appelé à diminuer au profit de regroupements pédagogiques concentrés".
La question démographique est le chiffon rouge agité par les DASEN pour faire passer la pilule aux élu-es. Le mal est déjà fait. En 25 ans, les écoles rurales sont passées de 69 000 à 52 600 soit 24 % de baisse tandis que la population d’élèves baissait de 4 %.
La réduction des coûts est le premier argument en faveur de ce projet, mais nous savons qu’à terme des regroupements con-centrés sont plus coûteux. La charge pèse moins sur les finances de l’État alors que les coûts explosent pour les collectivités territoriales notamment sur la question des transports.
La deuxième raison est plus idéologique. La réduction des écoles est l’occasion de mieux contrôler les pratiques de classe sous couvert de les rendre plus performantes, ce qui est totalement infondé. Plusieurs études démontrent que les élèves de classes multiniveaux obtiennent de très bons résultats (on tente même ce type de classe en milieu urbain). Jean Pauli (instituteur du Lot à la retraite) décrit cette concentration comme une volonté obsessionnelle de vouloir piloter par le haut en simplifiant la gestion d’ensemble, la "technostructure" se positionne dans une vision productiviste de l’école.
Les luttes s’organisent…
Dans le Lot, un réseau de parents, élu-es et enseignant-es ont occupés l’Inspection pendant plus de 2 semaines et a obtenu un moratoire pour empêcher la fermeture de classes uniques.
Dans la Sarthe, un document secret a été publié faisant état d’un projet de fermeture de 128 écoles ce qui a provoqué de vives réactions.
Dans l’Allier, un collectif formé de syndicats, parents et élu-es s’organise pour maintenir les petites écoles.
Dans le Cantal, la CGT Éduc’action s’est beaucoup impliquée dans le suivi du protocole pour faire avancer ses revendications et a ainsi obtenu le maintien de bon nombre d’écoles.
Se battre pour le maintien des petites écoles, c’est porter une vision de société qui crée du lien. C’est porter un projet qui réunit des habitants sur un territoire où l’on peut vite être isolé. C’est aussi contribuer à une vie locale en circuits courts qui coupe avec une logique capitaliste qui préfère le toujours plus grand et qui éloigne chaque citoyen de la gouvernance.
En cela, nous nous rapprochons des camarades de la Confédération paysanne : "produire local, consommer local". Ajoutons "éduquer local".
La CGT Éduc’action demande l’arrêt immédiat des fermetures d’écoles, l’annulation des protocoles et se dit prête à discuter d’un vrai projet autour des petites écoles en concertation avec les collègues qui travaillent en milieu rural.
Il faut organiser de vrais réseaux d’écoles à taille humaine à qui on donne les moyens de fonctionner de manière durable.
Études et recherches sur les classes multi niveaux et les élèves issu-es du rural *Agnès Brizard *Institut de recherche et éducation de Bourgogne (tests maths et français) *Étude Leroy Audoin sur les résultats en 6ème *1996 (résultats élèves issu-es du ru-ral en 6ème et redoublements) *2012 : Enquête de l’observatoire de l’école rurale * FNER : Fédération Nationale des Écoles Rurales |