En finir avec l’aide personnalisée

 

EN FINIR AVEC L’AIDE PERSONNALISÉE !

Quand le ministre Darcos de sinistre mémoire décida de créer l’aide personnalisée, en 2008, il n’était pas besoin d’être grand clerc pour savoir que le but affiché, faire rattraper leur retard à des élèves en difficulté, ne serait pas atteint. La recherche pédagogique, lorsqu’elle était diverse, que l’ampleur et le retentissement de l’INRP lui permettait de jouer dans une autre division que celle où il évolue aujourd’hui, dans les années 1960 à 80, avait maintes fois démontré deux choses essentielles :

  • un élève en échec durant six heures à l’école ne deviendra pas réussissant si on en ajoute une septième
  • les groupes d’élèves à effectifs réduits n’ont aucune efficacité s’ils sont homogènes.

Mais évidemment, le but de Darcos n’était pas de s’appuyer sur la recherche pédagogique du temps où elle n’était pas aux ordres du ministre pour créer un dispositif original. On peut faire le parallèle avec le dispositif des « CP à 10 », mis en place dans les années 2000 par l’un des prédécesseurs de Darcos, le ministre Lang. Le point commun à ce dispositif est la punition infligée aux élèves en difficulté ; en 2000 ils étaient contraints d’ânonner des sons dans une classe, pendant que leurs copains lecteurs avaient des livres entre les mains, à la BCD ; en 2012 ils sont obligés de rester une heure de plus que les autres à l’école et voient même leurs vacances scolaires réduites grâce aux soi-disant stages de remédiation. Au moins l’inspection générale a-t-elle fait, dans le premier cas, amende honorable, révélant et acceptant l’échec fortement prévisible du dispositif.

Ce n’est rien de dire que tel n’est pas le cas pour l’aide personnalisée. En dépit de tout bon sens, sans aucune réelle étude, des inspecteurs généraux aux ordres ont pondu un rapport d’étape en juillet 2009 qui est un modèle de texte de propagande vantant la réussite de tous les dispositifs de Darcos, évaluation et aide personnalisée. On y apprend que le dispositif est un succès et « ne laisse pas craindre de renoncement et de découragement pour l’avenir » et que « le succès rencontré dès la mise en place de l’aide personnalisée auprès des parents d’élèves et des élèves a rassuré les enseignants. N’ayant plus à craindre de réactions négatives de rejet de la stigmatisation, les enseignants ont investi cette nouvelle modalité d’enseignement en y montrant souvent une grande créativité. » Quand on sait la vérité, le n’importe quoi généralisé qu’est l’aide personnalisée, où personne ne fait la même chose…

Il est temps de se demander pourquoi tout cela. Dans la logique de la politique de casse de l’Éducation Nationale suivie depuis cinq ans, quel rôle a été assigné à ce dispositif ? Pour une part, cela sert d’alibi à la destruction des RASED, et pas seulement d’alibi, de substitut. On répand ainsi de la poudre aux yeux ; mais en réalité ce dispositif sert aussi à tester le degré d’obéissance des enseignants, leur capacité à faire ce qui est demandé en se posant le moins possible la question de la pertinence. C’est ce qui explique que ce qui importe pour la hiérarchie n’est pas ce que nous pouvons faire dans le cadre de l’aide personnalisée, mais que nous mettions en place ce dispositif.

Nous demandons au nouveau Ministre de l’Éducation Nationale un signe fort en mettant fin à l’aide personnalisée et en restituant les postes de RASED que les précédents ministres ont supprimés en se servant de ce prétexte. La Cgt Éduc’action revendique un horaire de 24 heures de classe pour les élèves, ce qui permet dès à présent une modification du temps de travail des enseignants à 24 heures devant élèves + 3h de concertation, réunions… en visant rapidement les 18h + 6.