Carte scolaire 1er degré : la comédie est finie :
Le plus gros mensonge aura été celui des soi-disant 60 000 postes créés. On le sait désormais, la très grande majorité de ces créations a concerné les postes de stagiaires. Certes on pourrait se féliciter du retour des stagiaires en formation initiale, mais nous ne sommes pas dupes, cette formation est violente
et insuffisante pour des stagiaires-étudiant-es et leur réintroduction aura permis de créer du chiffre statistique.
Ils-elles sont désormais des variables d’ajustement dans les écoles, sans améliorer les départs en formation des autres collègues ou permettre des ouvertures de classes. Et pour le reste des créations, elles n’ont même pas couvert la hausse démographique de ces dernières années. En d’autres termes, le passif de
ces dernières années, et notamment les 80 000 postes supprimés sous Sarkozy, est
passé en pertes et profit.
La préparation de la prochaine rentrée, et donc de la dernière carte scolaire du gouvernement Hollande, nous avons assisté à un dernier exercice de communication du ministère.
L’objectif était bel et bien de montrer tout l’Éducation avait été une priorité et que la Loi de Refondation était bien soutenue par des moyens. Pour la première fois, malgré une baisse du nombre d’élèves, aucun département n’a connu de dotation négative.
Si l’information est vraie, elle mérite d’être détaillée et analysée.
De façon statistique et malgré le manque d’informations pour cinq départements (2A, 2B, 74, 78, 85), la dotation globale est de 3345,5 postes avec une balance ouvertures/fermetures négative (-256,75) qui descendrait à -344,75 avec les mesures en suspens. Clairement, la baisse des effectifs par classe n’est pas dans les
priorités du ministère. En revanche, les RASED étaient annoncés comme prioritaire.
Mais comment en dire du bien et vanter leur nécessité sans rétablir (sauf à la marge) les postes supprimés ? Cette année, ils comptent un solde positif d’environ 80 postes. À ce rythme, il faudrait 62 ans pour retrouver les 5 000 postes supprimés sous Sarkozy !
Mais alors, où vont tous ces postes et ou échoue cette manne quasi céleste ?
Après étude des dotations de 90 départements, on retrouve les 3 priorités que le
MEN a donné depuis plusieurs années : regonfler les pôles de remplacement, augmenter les dispositifs plus de maitres que de classes et Très Petites Sections.
Nous saluons positivement le fait que dans beaucoup de départements il y aura en 2017-2018 plus de remplaçant-es. Si cette décision est sage et pourra limiter les journées sans personnels remplacés, nous restons vigilants suite au nouveau décret concernant le remplacement qui vient d’être publié et qui stipule que désormais, les DASEN pourront étendre les zones de remplacement à tout le département. Il ouvre aussi une nouvelle brèche vers la fusion du remplacement court et du remplacement long. L’accueil des moins de 3 ans est aussi valorisé. Si la CGT Éduc’action y est favorable, nous dénonçons le fait que ce ne soit qu’un dispositif et pas une classe pérenne. Ce sont des postes à profil et rien ne dit qu’ils auront un avenir, surtout si d’autres politiques tentent de supprimer
des postes. On peut aussi s’inquiéter d’un éventuel transfert vers les municipalités. Nous dénonçons aussi le fait que, dans certaines communes à forte tradition de scolarisation des « deux ans », leur nombre a baissé.
Quant-aux postes « plus de maîtres que de classe », nous n’y sommes pas non plus opposés par principe. Nous sommes là aussi très dubitatifs vis-à-vis de leur efficacité dans le cadre d’une École qui ne change pas de nature. Ils servent surtout pour le MEN à gommer la suppression des RASED. Ce sont également de simples dispositifs comme l’accueil des moins de trois ans et ils sont donc fragiles.
De tels dispositifs existaient déjà dans certains départements avant Sarkozy. Ils ont été supprimés ou on a demandé insidieusement aux collègues de choisir, quand il y avait fermeture de classe, entre dispositif ou classe.
Pour la CGT Éduc’action, avoir plus de maitre-sses que de classes, c’est permettre à
toutes les classes d’avoir plusieurs enseignant-es.
Enfin, parmi les dotations, on voit arriver des postes d’encadrement dont le but « d’accompagner » les nouveaux collègues dans le nouveau dispositif d’évaluation lié au PPCR. En créant des postes d’IEN (et ça coûte cher : 1 poste d’IEN, c’est 1,5 poste de PE) ou de conseiller-ères pédagogiques en défaveur des moyens postes, l’objectif est d’amplifier la mise aux pas vers la Refondation. La palme revient à l’académie de Versailles où cette dotation correspond à près du quart des moyens, recors hexagonal !
La CGT Éduc’action s’oppose fermement à cette ponction de moyens et exige que l’encadrement serve à la formation et l’accompagnement pédagogique.
La politique éducative de Hollande n’aura pas permis de diminuer les effectifs par classe malgré des créations de postes. L’objectif n’était pas là, mais bien de créer des dispositifs volatils permettant de colmater des brèches ; le remplacement des RASED par les maitre-sses surnuméraires en est l’exemple. Ce n’est pas une navigation à vue mais bel et bien un postulat idéologique visant à affaiblir l’Éducation nationale.
Les chiffres 2017 des dotations et le différentiel ouvertures-fermetures sont la manifestation de la vérité.
Ils claquent comme une voile au vent hostile. Le verdict tombe. Jamais ce gouvernement, pas plus que les autres, n’a voulu changer l’École pour en faire un outil de la promotion collective.
Au contraire, jusque dans la carte scolaire, qui pouvait apparaître comme un point fort, il a choisi de continuer à détruire à petits feux, le service public de l’Éducation.